Jérôme d'Ambrosio à fond

JÉRÔME D'AMBROSIO, UN JEUNE TALENT "MADE IN BELGIUM"
par Serap Özyilmaz/MSN.be
Bruxelles (BE), 31 Déc 2010

En ce début d'année, MSN a décidé de vous gâter ! Une semaine après avoir signé son contrat chez Virgin Racing, Jérôme d'Ambrosio, jeune espoir belge de la Formule 1, a accepté de répondre à nos questions en toute simplicité. Ce jeune pilote reste humble et réaliste face à l'emballement médiatique qu'il connait depuis quelques jours. Il sait qu'il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans une discipline aussi exigeante. Inutile de résister, vous finirez par succomber au charme de ce jeune Brabançon... dont la carrière est à suivre assurément !

ÖZYILMAZ : Vous avez récemment fêté votre anniversaire. Est-ce que vous vous attendiez à recevoir un si beau cadeau pour vos 25 ans ?

D'AMBROSIO : Je m'y attendais car cela fait quelques mois qu'on y travaille. On est en contact avec Virgin depuis le mois d'août. Mais tant que rien n'était signé, j'ai préféré rester prudent. C'est au moment de la signature, le lundi soir (20/12/2010) que j'ai explosé de joie. Mon manager m'a appelé et m'a demandé de mettre le champagne au frais. Mais avant, je n'osais pas trop y croire. C'est mon côté superstiteux.

ÖZYILMAZ : Vous êtes donc superstiteux ? Tous les pilotes le sont un peu, non ? Quelles sont vos petites manies avant un Grand Prix ?

D'AMBROSIO : J'essaie de limiter cela le plus possible car ça conditionne énormément l'athlète. Par exemple, je rentre toujours du côté gauche et je mets le gant gauche avant le droit. On a tous de nos petites habitudes.

ÖZYILMAZ : Quelles sont vos ambitions pour votre première année chez Virgin ?

D'AMBROSIO : Pour moi, il s'agit avant tout d'une opportunité et non d'une finalité. Dès que j'ai signé, je me suis immédiatement lancé de nouveaux objectifs. Je veux rester dans la Formule 1 le plus longtemps possible. Cette saison, c'est l'occasion de me faire un nom au sein du plateau, de me faire connaître. En plus du pilotage, il y a aussi un aspect médiatique non néligeable, ainsi que le travail en usine. Concrètement, cela signifie que je dois faire un excellent boulot et rester très proche de Timo Glock, mon coéquipier.

ÖZYILMAZ : Justement, quels sont vos rapports avec votre coéquipier ?

D'AMBROSIO : Nos rapports sont excellents. J'ai la chance d'avoir un coéquipier très expérimenté. Timo a fait des podiums et des premières lignes en F1. Il a également une bonne réputation sur le circuit. C'est quelqu'un de très ouvert et sympa !

ÖZYILMAZ : Ce volant chez Virgin Racing, c'est un peu comme un rêve d'enfant qui se réalise. Quelle était votre idole en Formule 1 lorsque vous étiez petit ?

D'AMBROSIO : Quand j'étais tout petit, j'étais fan d'Ayrton Senna. Ensuite, j'ai vraiment suivi la Formule 1 avec Damon Hill et Jacques Villeneuve. En grandissant et avec l'apparition d'internet, j'ai regardé d'anciennes courses et les trois pilotes que j'ai apprécié à travers les époques sont François Cevert, Gilles Villeneuve et Ayrton Senna.

ÖZYILMAZ : Aujourd'hui, quel pilote suscite le plus d'admiration chez vous ?

D'AMBROSIO : Fernando Alonso reste un exemple pour moi car il est très fort et pas seulement derrière le volant ! C'est un pilote complet. Il est évident que je ne pourrais pas me mesurer à lui dès la saison prochaine. C'est une première année où je vais avoir beaucoup à apprendre. Je reste les pieds sur terre. Par contre, ce qui est assez particulier, c'est que je vais me retrouver sur la même grille de départ qu'un certain Michael Schumacher. Ce pilote a été sur la même ligne de départ que Thierry Boutsen, Ayrton Senna et Nigel Mansell. Même si nous ne serons pas au même niveau sur la ligne de départ, c'est assez exceptionnel. Un jour dans ma carrière, j'aurai pris le départ avec Michael Schumacher !

ÖZYILMAZ : Et quel est votre circuit favori ?

D'AMBROSIO : J'aime beaucoup les circuits "old school" (NdlR : ancienne école) comme Spa, évidemment. Monaco et Suzuka sont des circuits exceptionnels sur lesquels on se sent vivre. C'est de l'adrénaline pure. Le raidillon à Spa, le tunnel à Monaco à 250 km/h... On n'a pas droit à l'erreur sinon on prend le mur immédiatement. Et ça, c'est excitant !

ÖZYILMAZ : "Un Belge en F1, du jamais vu depuis 17 ans", lisait-on dans la presse. Que ressentez-vous à l'idée de porter les couleurs de la Belgique ?

D'AMBROSIO : Depuis que j'ai commencé la course automobile, on m'a sans cesse répété que c'était impossible. Je pense qu'on reste bloqué sur une image complètement erronée du "petit belge". Je n'ai jamais été d'accord avec cette façon de penser. Dès le début, on m'a dit que je n'irai jamais en Formule 3, puis en GP2. Ensuite, on m'a conseillé d'oublier la F1... En Belgique, on a les moyens de faire de grandes choses, et pas que dans le monde sportif ! J'ai été fier d'entendre "La Brabançonne" à Monaco et je suis également très fier de représenter la Belgique en Formule 1.

ÖZYILMAZ : Je lisais dans une interview d'André Maes, le directeur de Spa GP, que pour avoir plus d'influence sur le GP de Belgique, vous deviez devenir plus people, sortir de votre réserve et vous afficher avec une belle créature... Êtes-vous réellement timide ou est-ce plutôt une carapace ?

D'AMBROSIO : Je suis loin d'être parfait, c'est sûr. J'ai connu une grosse remise en question en milieu d'année suite à une mise à pied qui m'a fait énormément de bien. Il y a le Jérôme d'avant l'été et celui d'après. Les choses évoluent vite dans la vie, et pas seulement en Formule 1. J'ai 25 ans et j'ai encore énormément à apprendre. Ces derniers mois, j'ai travaillé sur ma communication. Ce n'était pas un manque de volonté de ma part mais plutôt une certaine retenue. On m'a toujours appris à travailler discrètement et à me faire connaître sur la piste. Aujourd'hui, je prends beaucoup de plaisir à signer des autographes et à passer du temps en interview. C'est ma façon de communiquer avec mes fans. Le monde de la Formule, c'est une grande interaction. Sans le public, la F1 ne serait pas ce qu'elle est. Et vice versa, la F1 n'aurait pas le succès qu'elle connaît sans les pilotes. Ça fait partie du jeu.

ÖZYILMAZ : Que pensez-vous de cette dimension people qui règne dans monde de la Formule 1 ? Est-ce qu'elle vous effraie ? Ou, au contraire, est-ce que cela vous fascine ?

D'AMBROSIO : Je ne m'en rends pas bien compte. J'ai une approche très terre-à-terre par rapport à ce qu'il m'arrive. Je n'ai pas été propulsé en Formule 1 du jour au lendemain. J'ai évolué étape par étape. Tout se fait naturellement et le plus important pour moi est de garder l'esprit ouvert tout en ayant les pieds sur terre.

ÖZYILMAZ : En dehors du sport automobile, quels sont vos hobbies ?

D'AMBROSIO : J'adore le ski même si je ne devrais pas le dire (rires). C'est une de mes passions. Je suis les championnats du monde et j'aime regarder les courses de descente. Je suis assez impressionné par ces gars qui skient à 190 km/h ! J'aime écouter de la musique. Tout type de musique. Je peux apprécier un morceau de musique classique autant que du rap, du RnB ou de la variété française. J'aime aussi le cinéma, les jeux vidéo, aller boire un verre avec mes amis... Bref, je suis un jeune homme normal ! Évidemment, j'ai un cercle d'amis plus restreint tout simplement parce que je n'ai pas beaucoup de temps leur consacrer à cause de mon planning très chargé.

ÖZYILMAZ : Qui vous accompagnera pendant les week-ends de Grand Prix ?

En Grand Prix, je suis toujours accompagné de mon physio, de mon préparateur physique et de mon manager. Mon père et mes proches viendront certainement sur quelques Grands Prix. Ma famille suit ma carrière mais vous savez, mon père, ma mère et ma sœur travaillent tous les trois. Ils ne peuvent pas m'accompagner de manière récurrente.

ÖZYILMAZ : Où allez-vous passer le réveillon de la Saint-Sylvestre ?

D'AMBROSIO : Je vais certainement en décevoir plus d'un mais je ne suis pas un grand fan du réveillon ! J'aime m'amuser mais sans que cela soit programmé. De plus, le réveillon arrive après des semaines de négociations et de travail en vue des saisons suivantes. Généralement, j'aime prendre un bon repas et me coucher pas trop tard.

ÖZYILMAZ : Pour terminer, que pourrions-nous vous souhaiter pour cette saison qui s'annonce d'ores et déjà passionnante ?

D'AMBROSIO : Que ce soit le début d'une longue aventure...